Dans un contexte de volatilité, d’incertitude, de complexité et d’ambiguïté (VUCA), les entreprises repensent leur manière de fonctionner pour rester compétitives. Si elles y sont parfois contraintes, les entreprises qui s’y obligent trouvent également une opportunité de repenser leur organisation.
Cyrille Onomo, expert en finance et professeur à l’ESSEC Business School de Douala, nous éclaire sur les pratiques essentielles à l’agilité organisationnelle. Lors de notre entretien, il nous partage une exploration approfondie des trois piliers fondamentaux cruciaux pour toute entreprise aspirant à être réellement agile.
« On est dans une logique où il faut s’adapter vite. C’est le temps qui compte. »
Cyrille souligne l’importance de la décentralisation de la prise de décision comme un levier majeur pour l’agilité. Il explique : “ Le contexte dans lequel on évolue est rapide : le temps compte, il faut s’ adapter rapidement”. Cette réflexion met en lumière le besoin urgent pour les organisations de rompre avec les hiérarchies rigides afin de favoriser une réponse rapide et adaptée aux défis émergents.
Il ajoute que dans les organisations centralisées, « qui sont lentes à prendre la décision, » la mise en place d’une subsidiarité, où la décision est prise à l’échelle la plus basse possible, devient indispensable. Cette approche non seulement accélère le processus décisionnel mais encourage également l’autonomie et l’empowerment des équipes à la base.
Innovation dans les processus
L’innovation est traditionnellement perçue comme centrée sur les produits ou les technologies, mais Cyrille insiste sur l’importance de l’innovation dans les processus. « Dans l’innovation, c’est de développer très rapidement les nouveaux processus, » dit-il, soulignant que l’innovation doit être envisagée au-delà des produits pour englober les méthodes de travail et l’organisation elle-même.
Il cite un exemple concret, démontrant comment l’innovation processuelle peut transformer les opérations courantes : « En mettant un process qui demanderait plutôt que par une application, on enregistre l’opération… ça nous permet de gagner en temps. » Ce type de changement processuel améliore non seulement l’efficacité mais instaure également une culture de l’innovation continuelle au sein de l’entreprise.
Compétences versus métiers : repenser les ressources
Le dernier pilier, une organisation centrée sur les compétences plutôt que sur les métiers, est vital pour une agilité accrue. Cyrille explique : « Ce que je veux dire par compétences, c’est la possibilité d’une adaptabilité rapide de l’organisation, il faut avoir une cartographie des compétences pour pouvoir face à des situations, convoquer les compétences requises rapidement. »
Il critique les approches traditionnelles centrées sur les métiers qui ne permettent pas cette flexibilité : « Si on raisonne uniquement sur les métiers sans voir les compétences, on aura forcément une difficulté par la suite de proposer une reconfiguration rapide. » L’approche centrée sur les compétences permet à l’organisation de réagir dynamiquement aux défis, en mobilisant les bonnes ressources indépendamment de leur rôle formel.«
À travers ces échanges avec Cyrille Onomo, il devient évident que l’agilité organisationnelle ne se limite pas à des ajustements structurels ou technologiques, mais nécessite une véritable transformation de la culture d’entreprise. En intégrant la décentralisation, l’innovation de processus, et une focalisation sur les compétences, les entreprises peuvent non seulement survivre mais prospérer dans un monde VUCA.
Les insights de Cyrille montrent que pour être agile, une entreprise doit encourager une mentalité de flexibilité, d’innovation continue et d’autonomie à tous les niveaux de l’organisation, une leçon précieuse pour les leaders cherchant à naviguer dans les eaux tumultueuses du monde moderne.
Merci au professeur Cyrille ONOMO qui nous sensibilise à la quête de nouvelles compétences.
L'agilité organisationnelle se distingue de par la flexibilité de son système de management. Car pour combler l'écart existant entre les systèmes dit évoluer et ceux de nos organisations, nous devons faire usage d'outils intelligents qui favoriseront : une adaptabilité accrue, l'optimisation des opérations et une prise de décision améliorée dans nos organisations. En les rendant prompt à réagir rapidement aux perturbations et aux opportunités, l'agilité organisationnelle va renforcer leur capacité à rester compétitif face à un environnement d'incertitude accrue et de risques non maîtrisés.
Analyse très pertinente à soulever. L’agilité est une composante très importante pour toute entreprise qui souhaite rester compétitive. Je pourrais ajouter également que l’approche centrée sur les compétences devrait elle aussi être mises à jour asses régulièrement. Le personnel devrait suivre continuellement des formations pour performer. C’est aussi une culture de l’excellence à valoriser. L’agilité pour moi est aussi un moyen de promouvoir la force du collectif par le partage de best practices au sein de l’entreprise ou amélioration continue.
Bien que l’IA devient de plus en plus un facteur clé du monde de demain, elle a aussi ses limites et ne devrait pas participer à une réduction d’effectifs au sein de la société. L’automatisation des process serait déjà un bien meilleur chemin pour faciliter la gestion du quotidien en gain de temps, en donnant la possibilité aux équipes de se former, développer des compétences et travailler sur l’optimisation des processus.
Une compétence s’apprend, se développe et surtout s’adapte continuellement. Le challenge des formations continues peut être également un enjeu pour les sociétés qui souhaitent encourager l’autonomie et valoriser ses collaborateurs.